Les derbys ou quand le sport renverse les catégories socio-professionnelles (1969-1989)
- Contexte économique et social : l’ASSE surclasse Lyon par ses titres en championnat et ses résultats européens. Le football devient une sorte de revanche économique. Il bouscule les hiérarchies. Saint-Étienne est sinistrée par la crise sidérurgique et minière, alors que Lyon amortit mieux le double choc pétrolier par sa médecine et ses industries chimiques et de haute technologie.
- Le terrain : Le 5 octobre 1969, l’OL est balayé 7-1 et le 15 mars 70, l’ASSE l’emporte 6-0 à Geoffroy Guichard, cette année là, les Verts terminent 1er avec 11 points d’avance et l’OL 15ème. Pourtant en coupe la « messe » n’est pas la même, le 4 avril 1971, l’ASSE l’emporte 2-0 à Saint-Étienne, mais est battue 4-0 par l’OL au retour grâce à un « hat trick » de Di Nallo. C’est la grande période des Lacombe, Chiésa, Di Nallo qui donnent du fil à retordre à l’ASSE. Mais côté stéphanois, le mythe est en marche et la France sportive « verdit » avec les exploits de Curkovic, Piazza, Larqué, Rocheteau. Pire même, Lacombe signe à l’ASSE en 78-79 et inscrit un des 3 buts de son nouveau club, lors du derby (3-0 à Geoffroy Guichard, le 17 décembre 1978). A compter de la saison 1982-83 et jusqu’en 1989, le derby perd de sa vigueur. Avec les montées et descentes des 2 équipes, Lyon et Saint-Étienne n’ont que rarement l’occasion de se mesurer.
Ce qu’il faut retenir, c’est que les résultats des derbys s’équilibrent, mais que les performances générales de l’ASSE confortent l’inversion des hiérarchies. C’est à ce moment, date du 1er choc pétrolier et de l’entrée structurelle de notre pays dans la crise économique que le derby s’apparente à une « lutte des classes » qui voit, pour une fois, les moins pourvus l’emporter sur les nantis. Le football devient dès lors un étalon sur lequel chacun s’évalue. Le déferlement médiatique encourage les antagonismes historiques par le biais du « Progrès » (P. CHARROIN, « Le derby Lyon-Saint-Étienne : les ‘Gones’ contre les ‘Gagas’ ou les enjeux d’une lutte identitaire », in B. MICHON et T. TERRET, sous la Direction de. Pratiques sportives et identités locales, Paris, Budapest et Turin, L’Harmattan, 2004, pp. 301-315. coll. Espaces et Temps du Sport.).