Conclusion

  • Et l’Histoire alors ? : Le derby OL-ASSE illustre ou inverse la situation économico-professionnelle des 2 cités. Au final, au delà du discours emphatique journalistique et supporteriste de l’opposition entre ceux qui « ont inventé le cinéma » et ceux « qui ont crevé dans les mines », c’est bien la question du professionnalisme qui traverse toutes ces périodes. C’est le degré de « professionnalité », dans tous les sens du terme, qui conditionne les résultats des derbys. C’est le club le plus professionnel qui réussit le mieux. C’est donc directement la tradition de l’éducation physique de Lyon qui s’oppose à la conception sportive de Saint-Étienne qui perdure. Cette conception éducative trouve aujourd’hui sa consécration avec l’OL, club formateur, alors que ce n’est plus le cas pour l’ASSE. Comme quoi l’histoire joue bien son rôle, elle explique partiellement l’issue de rencontres opposant 22 joueurs.
  • La violence : Pour moi, la montée de la violence tient à 3 paramètres essentiels : 1) Le développement du phénomène « ultra », plutôt sur le modèle italien côté lyonnais, plutôt sur le modèle anglo-saxon côté stéphanois. 2) L’absence de résultats européens voire nationaux qui fait du derby LE MATCH. 3) La crise économique qui trouve, par le biais du football, le moyen d’exacerber les tensions. Là où le derby devient dangereux et clairement nocif, c’est lorsqu’il entre dans le domaine, privé, professionnel ou/et civil.
  • Les autres clefs du derby : Pour certains dont Philippe Liotard, la question du derby est parfaitement artificielle, elle est un récit romanesque construit de toute pièce par les médias (Cf. Colloque Saint-Étienne). Une opposition de couleur, verte et stable d’un côté, multicolore et mouvante de l’autre. La patrimonialisation du derby de père en fils par voie orale et pratique, la question des alliances croisées. Les 2 clubs ont un fort supporterisme à distance et ceux qui l’entretiennent épousent les stigmates culturels de la cité qu’ils supportent, alors qu’ils n’y habitent pas et n’y sont pas nés. Le derby prend parfois une coloration architecturale au travers de l’opposition entre stade de Gerland et stade Geoffroy Guichard. Le premier est esthétique, confortable, rond, ouvert, architecturalement classé (les arches), alors que le second est essentiellement fonctionnel, carré, anglo-saxon. Le premier correspond à l’idéologie du bien voir « coubertinien », alors que le second conforte l’idéologie sécuritaire d’une gestion rationnelle de la foule.