Sainté et le Tour, de nos 1980 à nos jours : le cyclisme moderne

Le Tour se décide à " Sainté " 

Jeudi 17 juillet 1980

19ème étape : Voreppe-Saint-Etienne (139 kilomètres)

Exceptionnellement, le Tour arrive chez les Verts devant Geoffroy Guichard. Après la traversée des Alpes, le peloton s'offre sa traditionnelle étape de transition. Il faut attendre le bas du col de la Croix de Chaubouret pour voir Sean Kelly attaquer en compagnie d'Ismaël Lejarreta. A l'arrivée, la cité stéphanoise a l'honneur d'accueillir en vainqueur le futur numéro 1 mondial. Kelly dispose facilement au sprint de son compagnon d'échappée, le peloton sur leurs talons à 20''.

Vainqueur final du Tour de France : Joop Zoetemelk

Vendredi 18 juillet 1980

20ème étape : Saint-Etienne-Saint-Etienne (34 kilomètres c.l.m.)

Le lendemain, l'étape contre-la-montre dans la périphérie stéphanoise fixe définitivement les positions au classement général. Sur le parcours difficile - La Talaudière, Saint-Héand, La Fouillouse, l'Etrat - les cadors entrent en scène. Si Ferdinand Julien, membre d'une équipe de chômeurs constituée spécialement pour le Tour, déçoit, Zoetemelk l'emporte. Le " vieux Joop ", Kuiper et Martin s'assoient définitivement sur le podium.

Vainqueur final du Tour de France : Joop Zoetemelk

Dimanche 17 juillet 1983

16ème étape : Issoire-Saint-Etienne (144 kilomètres)

Cette étape est marquée par la souffrance et le sang. Suite à une chute qui lui fracture l'omoplate, le maillot jaune de Pascal Simon est en sursis et Fignon attend patiemment son heure. A Pontempeyrat, village frontière entre Puy-de-Dôme et Loire, Michel Laurent s'échappe avec Lubberding. Sur le cours Fauriel retrouvé, le final est digne de ceux de feu le Vel d'hiv, rue Denis Papin. Après une séance de surplace, Lubberding est contraint d'emmener le sprint et " ferme brusquement la porte " à Laurent qui chute le long des balustrades. Déclaré vainqueur par les juges, il passe le bras levé, le vélo sur l'épaule à la manière d'un cyclo-crossman, la ligne d'arrivée sous les vivats du public.

Vainqueur final du Tour de France : Laurent Fignon

Samedi 13 juillet 1985

14ème étape : Autrans-Saint-Etienne (179 kilomètres)

Après l'offensive du régional de l'étape Dominique Garde, Lucho Herrera, le " petit jardinier " de Fusagasuga s'en va seul dans le col de l'Oeillon. Derrière, la bagarre commence : Lemond, Delgado, Schepers, Parra, Rodrigues, Millar, Forest, Peeters et Weller explosent le peloton contrôlé par le maillot jaune, Bernard Hinault. Herrera l'emporte au final devant un groupe où Lemond assoit définitivement sa place de dauphin et la mainmise de l'équipe " La Vie Claire ". Quant à Bernard Hinault, ses relations avec le cours Fauriel deviennent célèbres. Victime d'une chute lors de l'emballage final, l'image de son visage ensanglanté contribua à sa légende.

Vainqueur final du Tour de France : Bernard Hinault

Mercredi 23 juillet 1986

19ème étape : Villard-de-Lans-Saint-Etienne (179 kilomètres)

Julian Gorospe réalise un joli numéro en parcourant 128 km d'échappée solitaire pour vaincre dans la capitale du cycle. Derrière, les régionaux animent : Dominique Garde et Gilles Mas essaient de sortir à leur tour. Le 1er, après une descente rapide, prend la 3ème place, battu au final par l'Australien Phil Anderson. Les cadors, eux, s'expliquent le lendemain...

Vainqueur final du Tour de France : Greg Lemond

Jeudi 24 juillet 1986

20ème étape : Saint-Etienne-Saint-Etienne (58 kilomètres c.l.m)

Le contre-la-montre se résume à un duel Hinault-Lemond. En dépit de la promesse faite à son équipier, Hinault joue réellement la victoire finale. Trahi par un physique qui n'est désormais plus à la hauteur de son orgueil, il fléchit spectaculairement dans les Alpes et laisse le " yellow jersey " à Greg Lemond. Ce dernier entend montrer sa supériorité dans l'effort individuel. Le parcours est très vallonné : en partant de Côte-Chaude, les coureurs rallient l'arrivée par Saint-Just-sur-Loire, les vallées du Furan, de l'Onzon, du Gier et du Janon. Au coude à coude tout au long du parcours avec le " Blaireau ", Lemond chute en bas de Rochetaillée puis change de bicyclette. Il perd finalement 25'' et l'étape mais préserve l'essentiel : 2'18'' d'avance au général sur Hinault qui dépose finalement et officiellement les armes et passe pour celui qui a fait gagner son jeune équipier.

Vainqueur final du Tour de France : Greg Lemond

Une course en jaune, rose, vert 

Samedi 14 juillet 1990

13ème étape : Villard-de-Lans-Saint-Etienne (149 kilomètres)

Après les étapes alpestres, Claudio Chiappucci, fort de l'échappée du premier jour, compte encore 6' sur Breukink et 7' sur Lemond. Les " Z ", l'équipe du champion américain, attaquent sous l'impulsion de Ronan Pensec pour isoler le maillot jaune rapidement privé d'équipiers. Chiappucci ne peut résister longtemps au harcèlement et laisse partir Chozas, Conti, Hampsten, Breukink et Lemond dans le col de la Croix de Chaubouret. Surpris, Delgado réagit avec un temps de retard en compagnie notamment de Bugno et... Indurain. Pour le maillot jaune, l'étape tourne au cauchemar : isolé durant une grande partie de l'étape, il perd 5' et le Tour de France. Au final, Chozas, le baroudeur, devance de justesse Breukink pour le gain de l'étape. Lemond, au deux tiers de l'épreuve, entrevoit enfin la précieuse tunique jaune à 2' devant lui.

Vainqueur final du Tour de France : Greg Lemond

Lundi 20 juillet 1992

15ème étape : Bourg-d'Oisans-Saint-Etienne (198 kilomètres)

Au jeu des couleurs, le rose et le vert remplacent le jaune dans cette étape stéphanoise. Car si le maillot du leader est solidement accroché sur les larges épaules d'Indurain, Jalabert et Museuw se battent " à coups de points " pour la conquête du maillot vert. A 36 km de l'arrivée, Chioccioli, vainqueur du Tour d'Italie en 1991 s'échappe à la manière de Fausto Coppi, le campionissimo auquel il ressemble tant. Plus personne ne le reverra. Derrière, Jalabert distance Museuw dans le col de la Croix de Chaubouret, et empoche le gain de la 4ème place. Le futur numéro 1 mondial gagne définitivement le maillot vert, Saint-Etienne un prestigieux vainqueur.

Vainqueur final du Tour de France : Miguel Indurain

Des baroudeurs et un maillot jaune 

Jeudi 13 juillet 1995

11ème étape : Bourg-d'Oisans-Saint-Etienne (199 kilomètres)

Au km 46, Armand de Las Cuevas fait la différence en compagnie d'Aldag, Tafi, Jaermann, Maassen, Buenahora et Sciandri. Après Pélussin, l'instigateur de l'échappée, victime d'une " attaque boomerang " ne peut suivre le Colombien Hernan Buenahora et Maximilian Sciandri. Ce dernier, citoyen du monde, né en Angleterre, vivant en Italie mais ayant opté pour la nationalité anglaise l'emporte facilement au sprint. Derrière, Jalabert se bat encore pour le maillot vert. Sur la ligne, il devance de justesse Abdoujaparov sur le braquet monumental - rappelons-nous que le cours Fauriel monte - de 53 X 11 ! Il prépare déjà un 14 juillet de feu sur les routes de Mende.

Vainqueur final du Tour de France : Miguel Indurain

Vendredi 18 juillet 1997

12ème étape : Saint-Etienne-Saint-Etienne (55 kilomètres c.l.m.)

Entre Pyrénées et Alpes, Saint-Etienne est le lieu du rendez-vous incontournable du Tour avec le premier contre-la-montre. Le jeune champion allemand Jan Ullrich a déjà fait la différence dans les cols pyrénéens : il devance Richard Virenque de près de 3', Olano, Riis, Pantani et Escartin de près de 5'. Dans l'ascension de la Valla-en-Gier et devant un public nombreux, il monte plus vite que Marco Pantani et Richard Virenque. Si ce dernier s'accroche courageusement à la 2ème place de l'étape, il se fait rejoindre par la mobylette allemande aux alentours de Saint-Genest-Malifaux. A la manière de Miguel Indurain, avec près de 6' d'avance sur son dauphin Virenque, Ullrich assomme le Tour avant même le passage des Alpes.

Vainqueur final du Tour de France : Jan Ullrich

Jeudi 15 juillet 1999

11ème étape : Bourg-d'Oisans-Saint-Etienne (199 kilomètres)

Les " gros bras " se relâchent, laissant quelques coureurs affamés de victoire à l'avant de la course. Une échappée de 7 se forme bientôt. Parmi eux, nous retrouvons des baroudeurs tels Ludo Dierckxsens, Verbrugghe ou le Kazakh Vinokourov. " Vino ", asphyxié par sa propre accélération au pied du Pilat doit laisser partir le Belge Dierckxsens, l'ancien ouvrier de l'industrie automobile passé professionnel à 29 ans. Sa victoire dans la cité industrieuse est un clin d'oeil au destin. Vinokourov, sur le chemin d'une belle carrière, attendra !

Vainqueur final du Tour de France : Lance Amstrong

La der d'Amstrong 

Samedi 23 juillet 2005

20ème étape : Saint-Etienne- Saint-Etienne (55 kilomètres c.l.m.)

Pour son retour après 6 ans d'absence, le Tour de France offre un beau cadeau à la capitale ligérienne : le contre-la-montre final, celui qui décide pour de bon de la hiérarchie de l'épreuve. Malheureusement par la supériorité manifeste des Discovery Channel de Lance Amstrong, le suspense se limite à la course pour la troisième place et sur la première victoire d'étape éventuelle du maillot jaune. Le parcours où sont massés plusieurs centaines de milliers de spectateurs, moins dur qu'en 1997, est néanmoins très nerveux et exigeant avec la côte de Saint-Héand et le col de la Gachet. Ivan Basso part le plus rapidement mais très vite Amstrong prend un avantage qu'il ne lâchera plus. Seul Jan Ullrich s'accroche pour ne débourser que 23 secondes au final et récupère in extremis une place sur le podium du Tour. Chez lui, Alexandre Vinokourov salue à sa manière la mémoire du regretté Andrei Kivilev en s'emparant de la dernière marche du podium. L'événement du jour, outre la dernière victoire de la carrière de Lance Amstrong, est le cauchemar que vit Michaël Rasmussen : jusqu'alors 3ème du classement général et maillot à pois, il chute 2 fois, change de vélo 3 fois et dégringole à la 7ème place au classement général.

Vainqueur final du Tour de France : Lance Amstrong