Conclusion

Le plus remarquable dans l'itinéraire de Roger Rocher tient à la capacité de l'homme à ménager les susceptibilités politiques comme le révèle la déclaration de Joseph Sanguedolce après ses obsèques : "Rocher était un homme de coeur et non un affairiste, il comprenait les souffrances des plus démunis"(50).

Ceci signifie que, bien qu'il n'ait pas eu d'influence directe sur la vie politique locale, son éducation et sa trajectoire professionnelle lui ont permis de conserver un capital de sympathie auprès des différentes institutions, quelle que soit la couleur politique de leurs occupants.

Il semble également qu'il ait incarné de la façon la plus explicite possible un type de direction et de management du sport aujourd'hui en perte de vitesse : l'autocratisme éclairé, le paternalisme autoritaire(51). Pour autant, selon Noël Le Graët, Président de la Ligue, il fut un précurseur en matière d'organisation et de marketing. De ce point de vue, il a incarné la modernité(52).

Enfin, de nombreux témoignages de sympathie démontrent que la population locale lui a complètement pardonné ses erreurs dans la mesure où il a réussi à créer une osmose entre le club et la culture locale(53). De plus, pour la majorité des supporters(54), il semble impensable qu'un président réussisse à obtenir de grands résultats sans avoir recours à des moyens plus ou moins délictueux : "Les plus grands présidents (Rocher, Bez, Tapie) ont toujours eu maille à partir avec la justice", selon l'ex joueur Patrick Revelli(55). Le fatalisme populaire accepte donc l'adage selon lequel éthique et pratique sont parfois contradictoires et que rationalité ne rime pas avec justice.