Un club en constante reconstruction
Longtemps en avance sur la concurrence, l'ASSE est depuis 1982 un club comme les autres. L'instabilité sportive et institutionnelle empêche toute politique à long terme de s'exprimer. Sur le plan juridique, contraint de trouver de nouvelles ressources, le club doit sans cesse s'adapter au monde du football : si l'association de 1933 existe toujours, c'est maintenant une société commerciale qui gère l'équipe professionnelle.
Sur le plan sportif, l'ASSE ne s'est jamais remise de l'affaire de la Caisse noire. L'équipe descend en 2e division à trois reprises : 1983-1984, 1995-1996, 2000-2001. Et même si elle a connu quelques sursauts sportifs en 1987-1988, 1999-2000 et 2004-2005, aucune période de stabilité suffisamment longue n'a permis une politique sportive bâtie sur la durée de s'exprimer.
La présidence Laurent (1983-1993) réinstalle le club parmi l'élite dès 1986 mais au prix fort : le déficit demeure considérable pour des résultats décevants. Le retour de Casino à la tête du club en 1993-1994 rappelle la politique de Pierre Guichard des années 1930 : recrutement onéreux et politique sportive à court terme. Là encore, la ville de Saint-Etienne, aidée cette fois par le Conseil général, renfloue le déficit.
Malgré cela, le club touche le fond en 1996 et change de structure pour survivre. L'association, structure préexistante, garde la section amateur ainsi que le déficit, bientôt épongé par les collectivités locales. La société d'économie mixte sportive (SEMS) Saint-Etienne Loire est créée, part de zéro financièrement et gère l'équipe professionnelle. Sa particularité est de mêler capitaux privés et publics : la ville et le département majoritaires, les partenaires privés et l'association. La SEMS n'est qu'une étape. Le retour du déficit aidant, les collectivités locales veulent vite se désengager.
Le repreneur, Alain Bompard transforme la SEMS en société anonyme à objet sportif (SAOS) en juillet 1998. L'association est toujours présente et possède même la minorité de blocage avec 33% des parts. Exodia, la société de Bompard, détient le club avec 50,13% des parts. Le club est devenu une société commerciale composée uniquement de capitaux privés, et ne bénéficie plus de subventions, réservées à l'association. L'ASSE est à l'heure du foot business.
Formule libérale, la SAOS comporte néanmoins des limites. En échange d'une fiscalité allégée, elle ne peut distribuer de dividendes à ses actionnaires et freine l'intérêt d'autres investisseurs éventuels. L'obstacle est levé à l'été 2003 avec la transformation de la SAOS en société anonyme sportive professionnelle (SASP). C'est la structure la plus libérale : l'association n'a plus la minorité de blocage, les actionnaires sont libres de se rémunérer et attirer ainsi d'autres partenaires.