30 mai 1968 : allocution du général de Gaulle

A Saint-Etienne, comme ailleurs, l'allocution du général de Gaulle marque un tournant dans le conflit. Peu à peu se dessine la reprise du travail. Si on ne relève aucune manifestation de rue en soutien au général, "l'action civique" qu'il appelait de ses voeux enregistre ses premiers volontaires : des chefs d'entreprise, le directeur local de l'ORTF ou encore la section de la Loire des Combattants volontaires. Lucien Neuwirth, leader incontesté du parti gaulliste dans le département, en prend la tête. Sis place Dorian, ces Comités distribuent de nombreux tracts dont certains sont conservés aux Archives municipales. Soucieux de voir les élections législatives annoncées par le chef de l'Etat se dérouler dans le calme, ils tiennent des propos modérés comme en témoigne la déclaration de Lucien Neuwirth distribuée le 30 mai : "Stéphanoises, Stéphanois, dans trois semaines vous aurez à vous prononcer. Quel que soit votre choix, quel que soit votre camp, votre devoir est de participer à l'action civique pour que nos usines tournent, que nos enfants soient à l'école, pour que la vie reprenne afin de faire face aux prochaines et lourdes échéances économiques et démontrer à tous notre volonté de progrès et notre permanent désir de promotion par le travail".

Plus virulents sont les Comités de Défense de la République (CDR), sis place Dorian, dont certains tracts évoquent les "agitateurs étrangers qui insultent la France". On leur attribue la responsabilité d'une provocation aux Aciéries et Forges du Forez rue de la Montat dans la nuit du 30 au 31 mai. Un commando, comptant un des gardes du corps de Lucien Nicolas, candidat aux élections législatives, et peut-être celui-là même, détruit par le feu un mannequin représentant un général de Gaulle brocardé par les grévistes. Il s'ensuit une courte bagarre avec les grévistes.