Renouveau

Une chronique extra-vagante de François Maguin.

François Maguin a toujours habité Saint-Étienne. Cet opiniâtre dilettante aime à s'y promener et à en traquer les mystères. Dans ses textes courts, il chronique éblouissements modestes, anecdotes plus ou moins véridiques ou rencontres inopinées. Cette prose, entre rêve et réalité, invite les lecteurs à poser un autre regard sur le quotidien et à approcher toute la magie qui s'y dissimule.

 

Mercredi 2 août 2017

La rue Mulatière semble perpétuellement en mutation, mais les travaux qui s’y déroulent ne paraissent jamais finis, ce sont des morceaux d’ouvrages inaboutis, des éclats de tâches toujours recommencées, des bribes de chantiers jamais achevés. Cela donne aux cours et aux façades un côté bigarré et bizarre. Aussi ne s’étonne-t-on pas de l’étrange devanture du 35 avec ses matières variées où plastique, bois, pierres et ciment s’enchevêtrent, où sur le mur, les couleurs - bleu, gris, bordeaux, marron, saumon - se livrent à une folle sarabande. Et tout cela est surmonté, dans le style de l’après dernière Grande Guerre, d’une enseigne ancienne et délavée qui se réclame fièrement du Renouveau. Cette promesse de jouvence attire, bien sûr, décrépits, séniles et désespérés. L’autre jour, un vieillard se tenait devant l’entrée à la boiserie neuve et rutilante et suppliait l’interphone. À mon passage, il se détourna brutalement de la porte restée obstinément close et s’en alla en me bousculant, comme un moderne docteur Faust dans sa quête déçue d’une nouvelle jeunesse.