Au 42, rue du Vernay

Une habitante du quartier, revient sur l'histoire de cette adresse.

Cette contribution a été recueillie au sein du groupe "mémoires", qui rassemble des habitants du quartier Saint-Roch depuis début 2018. Ce groupe se mobilise pour participer à l'enrichissement des connaissances sur Saint-Roch : partage d'expériences, de souvenirs, d'archives, recueil de témoignages et documents, recherches documentaires...

 

La maison se dresse, fière, du haut de ses 150 ans, sur l'arrière de cette place Saint-Roch. Mais oui, elle fut construite après la guerre de 1870. La France se relevait de cette défaite et l'armurerie était prospère. Monsieur Fayolle, armurier, notable, mariait sa fille Maria à Monsieur Picard, armurier et inventeur (condition indispensable pour obtenir la main de sa belle, il inventa un tire-bouchon).

Monsieur Fayolle fit donc construire une maison familiale, en bonnes pierres, avec des huisseries de chêne et des rambardes en fer forgé, avec un enduit, comme il était d'usage à l'époque. À l'arrière, de longs et larges balcons desservaient les appartements et permettaient deux entrées, l'une servant pour les communs. Ainsi, toute la famille future serait réunie. Un demi-étage pour chacun, vaste, avec staff et lambris dans les pièces de réception, avec des cheminées de marbre et une salle de bain par appartement, dotée d'une baignoire à griffes de lion. Elle était moderne : gaz à tous les étages. Plus tard, un chauffage central "au coke" fut installé dans les appartements. Au premier étage, une ouverture sur un immeuble perpendiculaire soutenu par une maison de rentabilité, reliait la maison avec l'armurerie et "traboulait" avec la rue César-Bertholon, aujourd'hui rue Francis-Beaulier.

Monsieur et Madame Picard eurent deux filles, dont l'une épousa un certain Monsieur Fayolle, armurier...

La vie passa.

Les petits-enfants s'éloignèrent et seule J.B.G. demeura dans la maison jusqu'à sa vente en 1995. Aujourd'hui, elle ne démérite pas, soigneusement entretenue par les copropriétaires. Le confort moderne lui a coûté les crémones martelées de ses fenêtres, remplacées par du double vitrage. Le chauffage central est partout. Les salles de bain se sont multipliées et un jardinet, abondamment fleuri, a remplacé la cour où passaient les fusils.

Certains appartements ont encore le mobilier d'époque, que "chinent" soigneusement leurs propriétaires. D'autres, plus modernes, sont devenus des duplex avec terrasse tropézienne. Parfois quelques balcons fleuris ornent sa façade qui, le 8 décembre, s'éclaire de lampions.