Cours Fauriel : entre promenade et boulevard urbain
La création du cours Fauriel
En 1856, Saint-Etienne est devenue une grande ville. Elle a augmenté son territoire de manière conséquente par l'annexion des communes suburbaines de Montaud, Beaubrun, Outrefuran et Valbenoite. Elle devient le siège de la Préfecture de la Loire. Il s'agit alors pour les élus municipaux de lui prodiguer les embellissements que son nouveau statut requiert.
Parmi ces projets, comme la construction d'un dôme pour l'hôtel de ville, la " régénération " du quartier des Gauds, la percée de la rue Saint-Denis, figure l'aménagement d'une avenue qui soit à la fois un boulevard urbain pour le futur développement d'une ville industrielle en pleine expansion, et une large promenade pour l'agrément et " l'hygiène " de la population, loin des miasmes urbains.
Ce nouveau boulevard emprunte le lit du Chavanelet affluent du Furan entre les collines du jardin des Plantes et de Valbenoite. La réalisation de l'avenue, dénommée Cours Fauriel en 1857, prendra 10 ans depuis le projet de boulevard de ceinture en 1856 jusqu'à l'installation des bancs en 1865.
Ce double objectif du projet de départ est à l'origine de l'ambiguïté du cours Fauriel que les aménagements successifs, mettant l'accent tantôt sur l'aspect promenade, tantôt sur celui de boulevard, n'ont pas levé.
Actuellement, le cours n'a plus sa fonction de promenade et de lieu de divertissement mais la contradiction subsiste : l'une des principales artères d'entrée dans la ville -et donc très passagère- est également la rue centrale de l'un des quartiers les plus résidentiels de Saint-Etienne.
Christophe FAURE-BELON, le maire aménageur (maire de 1855 à 1865)
né à Saint-Etienne en 1808
L'homme du Cours Fauriel est sans conteste le maire Christophe Faure-Belon. Il est l'un des instigateurs du projet, ou du moins celui qui a su enlever la décision auprès de ses collègues, avant de mener l'aménagement du cours jusqu'à son terme en 1865.
Nommé maire à 47 ans en 1855, ce commissionnaire en soie, habile en affaires, exerça un deuxième mandat à partir de 1860, avant d'être battu aux élections de 1865, apparaissant sans doute, bien que modéré, trop lié au pouvoir impérial.
Sa renommée n'est pas passée à la postérité, mais l'histoire est parfois injuste envers les grands hommes. Que l'on en juge ! Parmi les grands dossiers de ses deux mandats, citons :
l'annexion des communes suburbaines (Montaud, Valbenoite, Outrefuran et Beaubrun),
le nouveau rôle qu'impliquait le siège d'une Préfecture,
le projet d'aménagement du quartier des Gauds,
la réalisation d' un nouveau plan d'alignement en 1857 (en fait le premier validé par le préfet),
la construction d'une Ecole de Dessin,
l'édification d'un dôme sur l'hôtel de ville,
l'aménagement de nouveaux jardins à la mode, place Marengo.
Mais il restera surtout comme étant celui qui s'est préoccupé du problème de l'alimentation en eau de la population. C'est sous son deuxième mandat que sera construit l'aqueduc des fontaines captant les eaux de source du Furan pour les conduire en ville.
Le Cours Fauriel au fil du temps
1856
Premiers projets de boulevard de ceinture entre la place aux Boeufs (Fourneyron) et la place du Jardin des Plantes (Villeboeuf).
1857, 27 janvier
Nomination d'une commission pour examiner le projet de boulevard dans le vallon de Villeboeuf (du Jardin des Plantes à la Vivaraize).
1857, 31 mars
Décision de la création d'un boulevard de 1.4 km de long sur 40 m de large, dit du Chavanelet ou de Villeboeuf, dans la direction du chemin de grande communication n°19 de Saint-Etienne à Serrières.
1857, mai
Convention avec la famille Lassaigne pour l'acquisition des terrains nécessaires à l'ouverture du boulevard.
1857, 21 juillet
Décision de nommer ce nouveau boulevard, cours Fauriel.
1858
Etude du prolongement du cours de la Vivaraize à la Marandinière.
1860, janvier
Reconnaissance de l'achèvement des travaux de la première partie du boulevard.
1861, décembre
Reconnaissance de l'achèvement des travaux du prolongement de la Vivaraize au Rond-Point.
1863
Plantations complémentaires de haies vives.
1864
Installation de bancs en pierre de Volvic.
1880
Premières constructions isolées sur le cours.
1883
Ouverture de l'Ecole Normale d'institutrices.
1894-1910
Première vague de constructions (Manufacture Française d'Armes, villas, immeubles du côté pair). Le groupe scolaire Saint-Roch, édifié sous la direction de l'architecte en chef de la ville, Léon Lamaizière ouvre en 1901.
1895, juillet
Approbation par le préfet du nouvel alignement pour les constructions. Le cours Fauriel est élargi de 40 mètres à 48 mètres.
1897
Ouverture de la ligne de tramway Dorian - Le Rond-Point.
1897-1900
Projet abandonné de Parc au Rond-Point.
1918, 18 janvier
La question du cours Fauriel. Projet du maire Jean Neyret d'agrandir les allées de promenade.
1924-1927
Construction de l'Ecole Nationale des Mines.
1934-1935
Aménagement du jardin du Rond-Point par Guy Otin.
1935
Fin de la couverture du Chavanelet.
1950
Création du Jardin de la Place Villeboeuf.
1950-1960
Deuxième vague de constructions (immeubles modernes).
1951-1953
Travaux d'embellissement du cours.
1952
Le tramway est remplacé par le trolleybus.
1953
La Brasserie du Rond-Point est transformée en clinique de gynécologie. Elle fermera en 1991.
1954-1955
Construction de la polyclinique et du commissariat de police.
1968
Aménagement du tunnel et du viaduc du Rond-Point (passage de la RN 88).
1983
Construction du Royal Fauriel par l'architecte Eyraud qui rompt avec les hautes et strictes façades en proposant une pyramide à gradins et la façade élégante et aérée des ateliers Darne.
1989
Début de la réhabilitation de Manufrance, devenue Espace Fauriel.
Claude Fauriel, grand écrivain stéphanois (1772-1844)
1772, 21 octobre
Naissance à Saint-Etienne, 10 rue Violette, de Claude fils de Joseph Fauriel, menuisier et Anne Faure. Après des études primaires chez l'instituteur Tabourin, rue du Chambon, études au Collège de Tournon chez les Oratoriens puis au séminaire Saint-Irénée à Lyon.
1793-1796
Il occupe diverses fonctions militaires puis administratives dont celle de secrétaire général de la mairie de Saint-Etienne et même maire pendant trois jours puis professeur à l'école centrale du département de la Loire.
1799-1802
Départ pour Paris où il est employé au ministère de la Police avant de devenir secrétaire du ministre Fouché. Il démissionne en 1802.
1802-1844
Homme de lettres, publie divers ouvrages dont les " Chants populaires de la Grèce moderne ", " Histoire de la Gaule méridionale sous la domination des conquérants germains ", " Histoire de la poésie provençale ", etc. Pendant cette période il fut professeur de littérature étrangère à la Sorbonne.
1836
Elu membre de l'Institut.
1844, 15 juillet
Il décède à son domicile, rue des Saint-Pères, à Paris. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise.