Francis Laur
Intéressons-nous à présent à l'auteur, Francis Laur. Le jeune Francis est un "champi" de George Sand, qui le pousse vers l'état d'ingénieur civil et le fait entrer, en 1864, à l'Ecole des Mineurs de Saint-Etienne. Le banquier Rodrigues, frère du Saint-Simonien, finance ses études. Il sort breveté en 1866 et entre en politique : ce Républicain, ami de Gambetta, brigue un premier mandat en Algérie. Le Gouvernement provisoire en fait son commissaire spécial à Marseille. Après la Commune et le 16 Mai, il se classe parmi les Opportunistes et obtient la députation de la Loire en 1885, puis celle de Saint-Denis en 1890. Pendant la crise boulangiste, il rejoint le général, dont il est le consultant pour les questions industrielles. Heureux en affaires, il découvre (en cherchant de la houille!) la source thermale de Montrond-les-Bains qui fera sa fortune et anime L'Echo des Mines et de la Métallurgie. Publiciste, il rédige des études industrielles et économiques : Mines et Usines en 1889, De l'Accaparement, où il dénonce les abus de la concentration industrielle.
A coup sûr, Le Mémorial ne pouvait choisir de meilleur correspondant pour "couvrir" l'Exposition universelle : un ingénieur compétent, un publiciste au style alerte, un homme public patriote dont la notoriété croît.
C'est dans ce contexte que va se poser le problème de l'adéquation entre des besoins militaires urgents et appuyés par des financements massifs et les capacités industrielles de la sidérurgie française et notamment ligérienne : à partir de 1872, l'armée passe des commandes complètes, des canons du système de Bange par exemple, à l'industrie privée. Au Second Empire, elle ne commandait aux forges que des composants assemblés aux arsenaux de Ruelle et de Bourges sous la responsabilité directe de l'Etat. Où en sont, entreprise par entreprise, les usines du bassin stéphanois ?